Jean-Pierre Guiot

05.07.2308.09.23

Vernissage le 5 juillet à 18h
Visite guidée avec Christian Debize, directeur général de l’ésban et commissaire de l’exposition : le 7 juillet, à 18h. Rendez-vous à 17h45 dans le péristyle de l’école.

Artiste nîmois méconnu des Nîmois, peintre abstrait dont l’histoire de l’abstraction n’avait pas retenu le nom, régulièrement exposé en galerie dans les années 80 puis invisible depuis près de 25 ans, Jean-Pierre Guiot revient à la lumière en un lieu dédié à la jeunesse et à la formation. Mais, à 88 ans, cet ancien élève de l’école des beaux-arts de Nîmes n’est-il pas encore un artiste émergeant dont le travail mérite d’être revisité ?
L’exposition Si proche – si loin retrace le parcours de l’artiste au fil d’une trentaine d’œuvres issues de son atelier et d’un prêt du musée Fabre de Montpellier. Elle dévoile en particulier un ensemble de peintures datées des années 2000 jusqu’à nos jours, que le public pourra enfin découvrir pour la première fois.  

Un américain « décalé » en recherche de lui-même

Né en 1935, formé à l’école des beaux-arts de Nîmes entre 1954 et 1958, Jean-Pierre Guiot a développé à partir du milieu des années 1960, un travail singulier qui l’a amené à explorer avec une rare intensité l’abstraction durant près de 50 ans.
À partir des années 80,  jouant des recherches de la lumière par les transparences, il ouvre une période blanche où la couleur forte est tenue en respect par une imposition aveuglante de blanc. En 1985, vient la période des grands diptyques à acrylique où la violence s’exprime dans la couleur et dans l’écriture. Transparences et superpositions, formes et sonorités tendent à l’unité pour un plus grand choc émotionnel. A partir de 1987, se développent des champs de couleurs où la lumière vient des profondeurs dans une intense richesse du foisonnement. Les résonances et vibrations confèrent une plus grande intériorité.
Pendant ces années, il est régulièrement exposé à la galerie Nane Stern, avenue de Tourville à Paris, puis collabore avec la galerie Bellint, boulevard de Sébastopol. Exposé à la FIAC, son travail est présenté  au Danemark, en Suède, en Allemagne, en Suisse, en Italie.

Faire de la peinture pour soi

En 1996, dans un geste radical, Jean-Pierre Guiot décide de rompre avec le milieu de l’art pour revendiquer plus complétement sa liberté d’artiste. « Je vais faire de la peinture pour moi » lance-t-il.
Dès lors, il ne fait plus que peindre, sans quasiment plus sortir de sa maison de Marguerittes. 25 années de peinture invisible et des toiles souvent de grand format s’inscrivant dans une conception all over, conçues à même le sol dans son atelier.
La gestation de chaque œuvre est longue, parfois plusieurs mois, et sur certaines toiles les couches de pigments produisent une épaisseur qui renvoie à ce qui obsède l’artiste depuis sa jeunesse : faire perspective hors de toute profondeur illusionniste, générer la profondeur par le travail de la touche, la superposition des surfaces qui vont capter la lumière. 
En cela, Jean-Pierre Guiot est viscéralement peintre mais aussi chercheur, car toujours en quête d’une vérité picturale. Son retrait du monde exprime la volonté de se donner les moyens d’atteindre cette vérité.

Image : Jean-Pierre Guiot, Sans titre, vers 2019, acrylique sur toile, 1,95 x 2,34 m (détail) – photo : Thelma Garcia

Alvina Söderlundh