Séance inaugurale mercredi 4 décembre 2019 à l’Esban – Hôtel Rivet
- 17h30 : conférence de Cyril Neyrat, écrivain et critique de cinéma
- 19h30 : film
Pour présenter Le Livre d’Image, réalisé en 2018, Jean-Luc Godard a souhaité sortir des salles de cinéma et investir des lieux inhabituels, adaptés à révéler la dimension expérimentale et protéiforme du film. Non pas des lieux d’expositions, mais des lieux de travail, de pensée, d’action, permettant de créer une zone d’hospitalité autour du film. C’est ainsi que Le Livre d’Image est présenté pour la deuxième fois seulement en France à Nîmes, à l’École supérieure des beaux-arts, un lieu de formation et de recherche, naturellement voué à l’ouverture et à l’expérimentation. Le dispositif d’accueil du film et des spectateurs a été spécialement conçu par les étudiants du séminaire La Flamme et le Papillon, engagés dans un questionnement sur les marges qui séparent, ou relient, les mots et les images.
- Une programmation Hôtel Rivet, centre d’art d’application de l’Ésban, en partenariat avec ANIMA et avec l’aide de Carré d’art – Musée d’art contemporain et de la Galerie Testard. Un projet coordonné par Maïder Fortuné et Annalisa Bertoni dans le cadre du séminaire La Flamme et le Papillon, avec Vincent Capes (Anima).
Le Livre d’image est un film en cinq chapitres comme les cinq doigts de la main, composé à partir d’images prises dans la mémoire du cinéma et des arts. Jean-Luc Godard en sature les couleurs, organise successions et surimpressions, décalages ou variations de formats et de rythmes. Il les redouble de sa voix, de sons, de textes lus et de musiques, souvent en décalé — comme on se construit une maison avec les ruines d’un château — en adaptant les formes et jouant des contrastes. Il parcourt alors les grandes données de l’histoire humaine qui ont traversé ses films : la guerre, la loi, l’autre, l’ailleurs, le couple, l’impossible innocence, le langage, l’amour. Voici vingt ans, il présentait le dernier épisode d’Histoire(s) du cinéma. La vidéo, comme « cimetière du cinéma », permettait l’exploration de l’Histoire du septième art et de ses mutations. Le Livre d’image reprend les mêmes éléments pour regarder cette fois « un siècle finir dans le suivant » : notre présent décrit par la mémoire du cinéma. Dans une société saturée d’images, Jean-Luc Godard fait évoluer le cinéma dans sa forme et dans sa présentation, poursuivant l’une des ambitions de cet art les plus accomplies : être une pensée par l’image et une image de la pensée. Poème cinématographique de la destruction et pourtant de l’espérance, Le Livre d’image expose avec fureur et bonté les possibles d’un cinéma qui reflète le monde et continue de se réinventer.